J'ai entendu des voix

J’ai entendu des voix...

Elles étaient à peine audibles, comme les gémissements d’un enfant qui souffre, mais en m’approchant, j’ai franchement entendu le désespoir et les plaintes qui sourdaient au travers des portes et des volets fermés. Je vis qu’il s’agissait d’une des survivantes de la rue principale, la villa Jeanne d’Arc. Cet arc d’ailleurs ne décochera plus les flèches qu’un cupidon taquin aurait pu envoyer encore… Devant la vieille demeure qui attend son trépas, afin de céder la place à douze appartements, un gros magnolia qui à chaque printemps ravissait mon regard, tremble de toutes ses feuilles d’un destin imminent. Il subira sans doute le sort du fidèle et vieil araucaria de la rue Castro.
Elle pleurait donc, cette maison de caractère qu’il aurait fallut restaurer au lieu de la raser. La boucle bientôt se refermera et l’on aura une ligne de front des immeubles carrés, sans esprit partout dans cette ville. Les nouveaux trottoirs roses occultent le passé et bien des arbres y ont perdu la vie, hurlant de désespoir et de douleur sous les dents des tronçonneuses voraces. Sans rien dire, ils voyaient tout mais ne disaient rien. Ils emmagasinaient le passé patrimonial si cher à notre souvenir et à chacune de nos vacances, nous les retrouvions toujours un peu plus beaux. Mon cœur se serre de voir que tout se dénature ici peu à peu, sous les coups de boutoirs de la nature de l’homme.

Envoyé par Veillon (francoisveillon@aol.com) le 11/06/2013 09:23:27

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